Les 195 pays signataires de la convention des Nations Unies sur le
climat se sont réunis en décembre 2014 à Lima et se réuniront en décembre 2015
à Paris. Leur but reste de trouver un accord pour réduire les émissions de gaz
à effet de serre et limiter le réchauffement de la Terre à +2°C à l'horizon
2100. Accords bien difficiles à faire émerger car personne ne veut renoncer à
la croissance, ou ne veut payer la facture d'une situation dont il ne se sent
pas responsable. Aucun accord n'est ressorti de cette conférence, mais avant de
rentrer chez lui, chacun s'est engagé à "intensifier son travail pour
élaborer sa contribution à l'accord de 2015". Tous, comme lors des
précédents sommets, ne se sont donc rejoints que sur un principe : remettre à
plus tard le moment où ils devront prendre une décision. Ce sera à présent à la
ville de Paris, en décembre 2015, d'accueillir la conférence décisive, mais peu
de signes permettent d'espérer que la conscience que les États ont de la
situation, dont ils connaissent parfaitement la gravité, débouche sur des
engagements effectifs.
Le modèle de développement dévoreur de forêts, de minerais et de
ressources en tous genres, et grand consommateur d'énergies fossiles, est
stimulé par une demande qui ne fait que croître, et sur laquelle repose les
perspectives économiques de la quasi totalité des pays du monde. La lutte
contre le réchauffement climatique auquel chacun participe ne se traduit par
aucune mesure susceptible de réduire significativement les émissions de CO2.
Pourquoi ? Parce que l'efficacité en la matière bouleverserait notre rapport
aux choses et à nous-même. Tout le monde veut changer mais personne ne remet en
question l'idée qu'il se fait du progrès et des avantages matériels qu'il
estime devoir en retirer.
Or, ce progrès, en précipitant les dérèglements climatiques, est à
l'origine d'une tragédie humaine que chaque année renouvelle et intensifie.
Dans les pays les plus fragiles, typhons, pluies diluviennes et sécheresses
sont en passe d'anéantir des décennies d'efforts pour le développement,
invalidant l'idée même du progrès. Dans les pays industrialisés, le public a
abandonné le projet de modifier ses comportements de consommateur alors même
que les alertes lancées par les scientifiques sont particulièrement fermes et exemptes
de doutes sur la responsabilité de chacun. De toute évidence, les gouvernements
d'un côté, les populations de l'autre, préfèrent se cantonner à ce qu'ils
connaissent, au vieux système qui a jusque là subvenu à leurs besoins et
satisfait leurs ambitions. Seuls les climatologues et les ONG continuent le
combat. Mais leurs efforts, quelle que soit leur forme, semblent voués à
l'échec. Le monde n'écoute pas. Le monde travaille.
Le progrès dont nous avons le plus besoin n'est pas technologique, social
ou politique ; nous ne construirons rien avec des beaux discours, des
positionnements de bienséance ou de énièmes dispositions juridiques. L'avancée
dont nous avons tant besoin viendra de nous-même, d'une redécouverte de nos
énergies intérieures et de leur emploi. En la matière, la marge de progrès est
particulièrement étendue.
Texte : Emmanuel Hussenet